Au Kenya, les corps d’une cinquantaine de membres d’une secte qui ont « jeûné jusqu’à la mort » retrouvés en forêt.
Le gourou présumé de cette secte a été arrêté par les autorités mais des fidèles se cacheraient toujours dans la forêt. REUTERS/Stringer
Selon les premiers éléments de l’enquête, il s’agirait de fidèles de l’Église Internationale de Bonne Nouvelle, dirigée par un gourou qui les aurait forcés à des jeûnes prolongés.
Les autorités n’hésitent pas à parler de « tuerie de masse ». Vingt-six nouveaux corps ont été exhumés ce dimanche dans l’est du Kenya, portant à plus de 50 le nombre de dépouilles découvertes depuis plus d’une semaine dans l’enquête sur la mort de fidèles d’une secte.
Ce pays d’Afrique de l’est est secoué depuis plusieurs jours par une enquête sur une secte présumée, dont le gourou aurait ordonné à ses fidèles de jeûner pour « rencontrer Jésus », entraînant la mort de plusieurs d’entre eux. Dans un rapport dont l’AFP a eu connaissance, la police avait indiqué avoir reçu des informations faisant état de personnes « mortes de faim sous prétexte de rencontrer Jésus après avoir subi un lavage de cerveau par un suspect, Makenzie Nthenge, pasteur de l’Église Internationale de Bonne Nouvelle (Good News International Church) ».
Selon des médias locaux, Makenzie Nthenge avait été arrêté et inculpé le mois dernier, après que deux enfants étaient morts de faim sous la garde de leurs parents. Il avait ensuite été libéré moyennant une caution de 100 000 shillings kényans (environ 670 euros). Mais les enquêteurs ont tout de même décidé de fouiller la forêt de Shakahola, zone où les fidèles ont élu résidence, en raison d’informations évoquant une possible fosse commune. C’est là que les premiers cadavres ont été découverts la semaine dernière.
« Aujourd’hui, nous avons exhumé 26 corps, ce qui porte le nombre total à 47 » depuis vendredi, a déclaré Charles Kamau, chef des enquêtes criminelles du sous-comté de Malindi (est), précisant que les recherches se poursuivent pour retrouver d’autres corps ou d’éventuels survivants dans la forêt.
« En train de jeûner jusqu’à la mort »
Malgré le fait que le chef de la secte, Makenzie Nthenge, s’est rendu le 15 avril à la police et a été placé en détention, des adeptes de l’Église Internationale de Bonne Nouvelle se cacheraient toujours dans la forêt. « Nous appelons le gouvernement national à envoyer des troupes sur le terrain afin que nous puissions aller à l’intérieur (de la forêt) et secourir ces victimes qui sont en train de jeûner jusqu’à la mort », a déclaré Hussein Khalid, membre de Haki Africa, organisation qui a alerté la police sur les agissements de l’Église Internationale de Bonne Nouvelle.
« Suffisamment d’agents de sécurité ont été déployés et toute la forêt de près de 320 ha est bouclée et déclarée scène de crime », a de son côté affirmé sur Twitter le ministre de l’Intérieur Kithure Kindiki, affirmant qu’il se rendra sur les lieux mardi. « C’est un grand coup et un grand choc pour notre pays », a déclaré Sebastian Muteti, chargé de la protection de l’enfance pour le comté de Kilifi, affirmant qu’il s’agissait de « tueries de masse ».
Une fidèle vivante a été retrouvée ce dimanche par les autorités. Les yeux exorbités, elle a refusé de s’alimenter, avant d’être emmenée dans une ambulance. « Elle a absolument refusé de recevoir les premiers soins et elle a fermé résolument sa bouche, refusant d’être assistée, voulant continuer son jeûne jusqu’à la mort », a raconté Hussein Khalid. Onze autres fidèles, sept hommes et quatre femmes âgés de 17 à 49 ans, ont été hospitalisés la semaine dernière après avoir été secourus dans la forêt. Selon les médias locaux, six fidèles de Makenzie Nthenge ont également été arrêtés. L’affaire doit être examinée par la justice le 2 mai.